Doit-on traiter les crétins comme des imbéciles ?

Samedi soir, alors que la France compte mollement les premières victimes de la pandémie de coronavirus, le premier ministre s’invite sur nos écran pour une allocution solennelle. Annonçant la fermeture des lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays, il demande plus de discipline. Restaurants, bar, cinémas, discothèques resteront portes closes jusqu’à nouvel ordre. Voilà, vous avez gagné. Faut dire que vous l’avez bien cherché.

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Les annonces anxiogènes et les incitations à la distanciation sociale, c’est bien joli, mais ce dimanche en ouvrant ses volets, le parisien constate que le temps est clément. Un rayon de soleil ! Pour lui, le citadin à tête de veau, ce rayon de soleil est un appel. L’appel de la nature. Celui qui s’adresse à son cerveau reptilien. Celui auquel il ne peut que se soumettre. Alors en avant, direction le parc ! Jeunes insouciants, parents irresponsables, vieux pressés de transmettre leur patrimoine. Vite, vite. Allons nous entasser et nous baver dessus en nous vautrant sur les vertes pelouses de Paris. On a le temps de se rouler les uns contre les autres puisqu’on a fait hier le plein de pâtes et de papier-cul. On est prêts pour l’épidémie. On ne sera pas pris au dépourvu, malins que nous sommes.

« Beaucoup cependant espéraient toujours que l’épidémie allait s’arrêter et qu’ils seraient épargnés avec leur famille. En conséquence, ils ne se sentaient encore obligés à rien. » Albert Camus – La Peste  

En temps réel, dans le monde entier, les images circulent. Il y a ceux que ça amuse. Ceux que ça terrifie. Ceux que ça révolte. Et sur toute la planète enfin un constat unanime : les Français sont des crétins. Avec désormais pour le gouvernement de ce peuple de couillons une seule question en tête : « doit-on totalement confiner ces cons finis ? » La réponse semble tellement évidente que le lundi matin, dans les milieux autorisés, dans les inévitables réunions de crise, le couvre-feu est sur toute les lèvres, dans tous les scénarios évoqués. La rumeur enfle et circule par tous les canaux, dans toutes les conversations groupées. On va être enfermés chez nous, nos déplacements limités au strict nécessaire et même interdits le soir. Vite ! Encore des pâtes ! Encore du papier-cul !

Je jette un œil dans le supermarché à l’angle du boulevard Rochechouart et de la rue des Martyrs. Des caddies en attente de livraison encombrent la zone de caisses. Une file compacte de clients s’étend dans tout le magasin. Les sacs remplis pour tenir un siège, ça discute allègrement en se postillonnant sur les bacchantes. Tout ça mériterait évidemment une distribution générale de tartes dans la gueule pour inviter au civisme, mais c’est trop tard. Demain chacun chez soi, on se mettra aux fenêtres pour chanter comme des italiens, ce sera beau et fraternel.

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