Peut-on pardonner la fin de Game of Thrones ?

Qui va accepter de regarder House of the Dragon après une telle trahison ?

Le 19 mai 2019. HBO m’a transformé en Schlingue. Cette version raccourcie de Theon Greyjoy émasculé et réduit en esclavage par Ramsay Bolton. Et je ne le pardonnerai jamais.

Pendant huit ans. On était là, fidèles, à attendre toutes les semaines le nouvel épisode. Quel personnage allait finir la tête éclatée ? Quelles incroyables aventures nous attendaient à Westeros ? Quel rebondissement allait nous scotcher au canapé ? C’était le temps des délires anti-spoil. On aura cassé les dents du premier impertinent qui aurait osé divulguer le moindre indice l’épisode qu’on avait raté la veille. 

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73 épisodes. On a tout traversé. Les meurtres, les viols, l’inceste, les mutilations. Des Noces Rouges à la destruction du Grand Septuaire. Et pourquoi ? Pour ce happy-ending à peine digne de la croisière s’amuse ? Tout ça pour ça ? Non. C’est inacceptable. Parce que cette fin n’est pas seulement mauvaise, elle n’est pas seulement expédiée et invraisemblable : cette fin est une trahison. 

Il existe un accord tacite autour de l’œuvre de fiction. Nous, spectateurs (ou lecteurs), acceptons tous les mensonges, toutes les fantaisies, tous les délires du créateur, tant que nous restons sur le deal de départ. Que ce soit mauvais, ennuyeux ou mal joué, que les costumes soient bricolés avec des carpettes Ikea n’est pas la question, ça passe. 

Notre part du contrat c’est la suspension consentie de crédulité. On est d’accord pour accepter ce monde, ces villes, ces maisons, ces lignées, leurs drapeaux et leurs devises. On est d’accord pour voir les protagonistes mourir un par un dans des scènes choquantes et spectaculaires. On est d’accord pour la magie, pour les dragons. On est d’accord pour accepter à peu près tout, tant que l’esprit et le ton de la série est respecté. Mais en revanche violer les règles est exclu, sortir du cadre n’est pas acceptable. 

Cette fin grotesque et bâclée, qui flirte avec le registre de la comédie, écœurante avec ses relents moralistes sirupeux est un dérapage totalement incontrôlé. Cette séquence m’a ramené en 1986, quand l’enfant que j’étais n’aurait raté pour rien au monde le lancement de la navette Challenger. J’ai failli me pisser dessus.

Alors on pourrait dire que ce n’est pas si grave. Dire merci pour tout ce que cette série a pu nous offrir de génial et faire comme si ces quelques dernières minutes n’avaient jamais existé. Mais non. Cette fin cocufie l’ensemble de l’œuvre et de ses fans. Elle défigure à l’acide tout ce que nous avons adoré. Et la qualité des saisons précédentes rend le crime encore plus grave.

Je suis surpris que des association de fans n’aient pas attaqué HBO en justice pour cet affront. J’ai mis du temps à m’en remettre. A accepter. A me dire que je ne devrais vivre avec ça sans obtenir réparation.

J’avais presque digéré cette sombre histoire quant j’ai pris en pleine face la bande annonce de House of the Dragon. J’ai failli m’évanouir ! C’est une plaisanterie ? Vous croyez vraiment qu’on va se faire avoir à nouveau ?

« If you think this has a happy ending, you haven’t been paying attention. »

Ramsey Bolton

Une semaine après avoir craché publiquement ma rage et ma déception après un Song of Ice and Fire qui s’est transformé en Soup of Lukewarm Water, j’ai réalisé que j’étais entouré de traîtres ! On n’est jamais trahi que par les siens. On m’a traité de râleur. Pire encore, on m’a comparé à un quérulent compulsif comme Abraham Simpson tapant ses lettres de réclamation sur sa machine à écrire ! Et vous savez quoi ? Ce soir, ma belle famille a réservé la salle de cinéma du condo. Devinez ce qu’ils vont regarder…

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